Ce n'est pas toujours drôle de faire rire par Sophie DOLLÉANS

 

Sophie Dolléans a souhaité témoigner sur son expérience d'écriture dans le cadre du Prix de la nouvelle humoristique auquel elle a participé. Découvrez son texte ci-dessous.

Le Prix de la nouvelle humoristique 2015 de Libres Plumes, si je m’en souviens ? Tu me fais rire Philippe*. Si je m’en souviens ? Mais bien sûr…

 

Il y a vraiment quelque chose que j’adore chez ce type. Je ne sais trop ce qui m’attire le plus. Sa bouche qui invite au roulage de pelle ou son regard enveloppant dans lequel vous passeriez la nuit ? Je vais y réfléchir. Sérieusement.

 

Ce n’était pas gagné, ce concours ! Avoir de l’humour ? Mais pétard, c’est drôlement prétentieux ! Et puis, je n’avais aucune envie de rire. Vraiment aucune. Au boulot, c’était la bérézina. Je m’ennuyais à 100 sous de l’heure, ce qui n’est pas cher payé, vous en conviendrez. Mais changer d’air, c’était une sacrée bonne idée. Et quoi de mieux que l’écriture pour modifier le monde et le sien en particulier. Cependant, faire rire alors que je n’avais qu’une envie, pleurer sur mon triste sort (oui, l’apprentie écrivain a souvent des tendances mélodramatiques), c’était un peu comme tenter de gravir l’Everest en maillot de bain et sans bouteilles d’oxygène. Alors, je suis partie de mon état de mort imminente : un enterrement ferait bien l’affaire pour me sortir du fond du trou, le tout en 10 000 caractères espaces comprises et avec double interligne ! Ce qui est drôle, c’est que je me suis amusée à l’écrire mais sans en rire vraiment. Donc, ne vous attendez pas à être pris de fous-rire incontrôlables dans l’écriture de ce concours. Vous rirez, mais après…

 

Et puis, il fallait respecter le thème. Alors là ! Mon état dépressif m’a beaucoup aidé, il faut le répéter. Mais cela n’enlevait rien à la difficulté de construire une histoire. Grattage de tête, café, douche, bonbons Haribo (c’est mieux qu’un Xanax) et… un petit miracle. L’enterrement sur les bords de l’Oise partait en vrille à cause d’un canapé. Paf, pif, pouf, l’affaire était dans le sac… Enfin presque.

 

Lectures et re-re-re-lectures, corrections-corrections-corrections, coupes franches de mes plus belles trouvailles (bouuuh !). Il y avait bien quelque chose que j’adorais dans mon texte, mais il me sortait par les trous de nez et il a failli, à plusieurs reprises, finir au fond de la poubelle.

 

Finalement, j’ai bien fait de l’envoyer. En novembre j’étais sur la liste des finalistes ! En mars, tranquille dans le fond de la salle du Château de Mery, j’entends : Le troisième prix est attribué à « L’esprit de famille ». Je bondis, trace mon chemin à travers la foule, monte les escaliers. Applaudissements, félicitations, rires.

 

Et toi tu t’en souviens, Philippe, de la remise des prix ? Ah. Tu as adoré mais tu ne sais plus trop pourquoi… Je lui propose de lui rappeler l’essentiel dans le creux de l’oreille. Il me répond Vieux JM et Oban. Mais je refuse. Je vais aller me consoler et rire un bon coup dans les bras de Chiflet. Alors Jean-Loup, vous êtes le nouveau président du concours international de la nouvelle humoristique …

 

Sophie Dolléans

 

PS pour ceux qui planchent toujours sur le thème 2018 et naviguent en eaux troubles :

Pour ce Prix de la nouvelle humoristique, le plus difficile est de trouver l’angle, la bonne idée, le truc qui amuse en respectant les consignes. Pourtant je vous assure que le spectre est large même pour ce thème d’inspiration 2018 : Il y a quelque chose que j’adore chez toi. Si seulement je pouvais m’en souvenir... De quoi est-il question ? De la mémoire, de la folie, de la mauvaise foi, d’une vanne… Il se passe quoi ? Conflit, dépit amoureux, stratégie pour déstabiliser un adversaire…

 

Du coup, moi j'imagine un comédien harcelé par une fan persuadée qu'elle est la femme de celui-ci... Bien évidemment, lui, n'en a aucun souvenir. Ou, un syndicaliste persuadé que Karl Marx est vivant. D'ailleurs il lui donne des conseils. Le problème c'est qu'il les oublie.... Ou, au moment de se marier, un des protagonistes a un malaise... Ou, une mère de famille nombreuse, débordée par les mouflets, fait une fugue. Ni le père, ni les enfants ne mettent un avis de recherche...ou plein d’autres situations encore. On peut même au besoin les mixer.

 

À vos plumes, à nos délires, à nos envies de rire…. À la littérature et à celle qui fait rigoler.

 

Pour participer, c'est ici 

Bonne inspiration !